3 conseils de protection respiratoire contre les risques du manganèse et du chrome hexavalent
Parmi les 550 000 travailleurs exposés aux risques du manganèse et du chrome hexavalent au Canada, les soudeurs représentent la population la plus à risque avec 261 000 travailleurs exposés. Les soudeurs se protègent naturellement contre les dangers visibles de leur métier. Mais qu’en est-il des fumées de soudage? Doivent-ils porter des masques ou des demi-masques de protection respiratoire?
Étant donné la production par l'arc de températures élevées pouvant créer de fortes concentrations de contaminants, les soudeurs sont particulièrement à risque lorsqu’il s’agit des contaminants en suspension dans l’air. Les dangers de l’exposition à ces contaminants peuvent affecter les soudeurs par voie d'inhalation, d'absorption cutanée ou d'ingestion. Il peut en résulter des troubles d'ordre respiratoire, digestif, nerveux et reproductif. Pour les soudeurs, le manganèse et le chrome hexavalent représentent les composants des fumées de soudage les plus dangereux.
Manganèse et chrome hexavalent
Manganèse : Le manganèse est un métal couramment ajouté à l’acier pour augmenter la dureté de celui-ci. En milieu de travail, il se retrouve principalement dans les baguettes de soudure et le métal d’appoint. Lorsque le manganèse est chauffé et réagit à l’oxygène dans l’air, il forme des fumées dangereuses d’oxyde de manganèse. Ces particules peuvent être facilement inhalées. Une surexposition au manganèse pendant le soudage peut causer une irritation des voies nasales, de la gorge et des poumons. Elle peut aussi se solder par une « fièvre des fondeurs ». L’exposition au manganèse a aussi été associée au manganisme, une maladie aux symptômes similaires à ceux de la maladie de Parkinson; faiblesse, léthargie, tremblements et même la paralysie. Le manganèse est aussi ce qu’on appelle un agent ototoxique, ce qui signifie qu’il peut nuire à l’ouïe.
Chrome hexavalent : Le chrome peut se présenter sous différentes formes, mais c’est la forme hexavalente qui pose un problème de santé majeur. On trouve du chrome hexavalent dans bon nombre d’électrodes et fils de soudage en acier. Lors du soudage de l’acier inoxydable, ce type de chrome se retrouve dans les fumées qui sont produites. Les procédés de soudage dans lesquels on utilise un flux produisent également un ratio de chrome hexavalent (Cr+6) plus élevé. Il se retrouve aussi dans une variété de peintures, pigments, teintures et plastiques. Lors d’un contact prolongé avec votre peau, cet élément peut causer de l’irritation, des ulcères et des réactions allergiques. Des études ont trouvé d’importantes corrélations entre l’exposition au chrome hexavalent et le cancer des poumons.
3 conseils pour se protéger contre les risques du manganèse et du chrome hexavalent
Lorsque l'on cherche à se protéger des contaminants dans l'air, le premier réflexe est souvent de penser aux masques et respirateurs. Cependant, comme le conseille Stacey Blundell, spécialiste du développement avancé chez 3M : « Lorsque nous faisons face à un problème de contamination de l'air, il y a plusieurs étapes à compléter avant de sélectionner un respirateur; il faut appliquer les bonnes pratiques d'hygiène industrielle en traitant d'abord le problème à la source. »
1. Réduire le taux de contaminants à la sourceLa ventilation est indispensable lors de toute opération de coupage, de soudage ou de brasage. Il existe deux types de ventilation pouvant être utilisés pour réduire le taux de contaminants dans l’air : la ventilation naturelle ou mécanique.
La ventilation naturelle fonctionne par dilution. Le soudage à l'extérieur sous une brise légère ou à l'intérieur en laissant fenêtres et portes ouvertes permet dans certains des cas de réduire la concentration des contaminants. La ventilation naturelle par dilution ne doit pas être utilisée seule lors du soudage, du coupage et des procédés connexes dans les espaces clos ou les espaces abritant des structures entravant le mouvement naturel de l'air.
La ventilation mécanique est habituellement le choix des ateliers de soudage. Des appareils d'aération tels que ventilateurs d'extraction et ventilateurs muraux acheminent l'air extérieur à travers le bâtiment. La ventilation mécanique installée correctement peut aider à réduire la concentration des fumées dans la zone respiratoire du soudeur.
Le soudage à l'extérieur, dans les espaces de travail ouverts ou avec l'assistance d'une ventilation locale ne garantit pas que les expositions seront inférieures aux limites acceptables. Tous les types de ventilation doivent être conçus, installés et entretenus correctement pour être efficaces dans la réduction des expositions pour les travailleurs. Les employeurs doivent maintenir une évaluation continue des expositions aux fumées afin qu'elles soient maintenues au-dessous des limites acceptables, ou que des contrôles supplémentaires soient implantés.
2. Choisir les produits appropriésLes bonnes pratiques privilégient la substitution comme méthode de réduction des expositions des travailleurs aux fumées de soudure. Lorsque cela est possible, le contrôle le plus efficace est l'élimination du danger en utilisant un procédé ou un matériau plus sûr. Voici quelques considérations à prendre en compte :
- Préférer l'utilisation de matériaux moins dangereux. Par exemple, des barres de soudure exemptes de manganèse.
- Considérer une autre méthode de soudage qui génère des quantités moindres de fumées de soudure. Par exemple, le soudage TIG ou MIG génère généralement des quantités de fumées inférieures au soudage au fil tubulaire.
- Choisir des gaz alternatifs qui peuvent affecter la génération de fumée.
- Utiliser des ordinateurs ou des imprimantes 3D pour simplifier la conception et réduire la quantité des soudures.
- Les surfaces peuvent-elles être rivetées ou jointes à l'aide de colle?
- Les surfaces de soudure doivent être nettoyées de tout revêtement qui pourrait créer une exposition toxique, comme les résidus de solvants et la peinture.
Lorsque la ventilation ou d'autres mesures ne sont pas suffisantes pour réduire les concentrations en bas des normes ou lorsque le procédé de soudage libère des fumées toxiques cancérogènes (comme c'est le cas pour l'acier inoxydable et le chrome 6+), un masque respiratoire doit être porté. Le choix du masque respiratoire est une étape essentielle pour se protéger des contaminants. Choisissez le type de respirateur en fonction de l'exposition mesurée et de la valeur d’exposition.
Les respirateurs jetables ou les demi-masques avec filtres sont appropriés pour les concentrations de fumées qui ne dépassent pas 10 fois la norme. Pour les expositions plus élevées, il existe des masques respiratoires complets ou des respirateurs motorisés munis des filtres. Dans les milieux où les concentrations de fumées ou de gaz peuvent poser un danger immédiat, un appareil respiratoire autonome (ARA) ou un respirateur à adduction d'air accompagné d'une bouteille de réserve doit être utilisé.
Respirateurs : que dit la loi?
Au Québec, voici ce que mentionne l'Article 45 sur les équipements de protection :
Dans le cas des travaux effectués dans des endroits où les normes visées aux articles 40 et 41 ne sont pas respectées, incluant les travaux d'entretien, d'inspection, de réparation, ou de transport, l'employeur doit fournir gratuitement au travailleur l'équipement de protection respiratoire prévu au Guide des appareils de protection respiratoire utilisés au Québec et s'assurer que l'employé le porte adéquatement. L'équipement doit être choisi, ajusté, utilisé et entretenu conformément à la norme Choix, entretien et utilisation des respirateurs, CSA Z94.4-93. Un programme de protection respiratoire doit être élaboré et mis en application conformément à cette norme.
Qu’il s’agisse de masques de protection respiratoire jetables ou de respirateurs d’épuration d’air propulsé pour des concentrations plus importantes, il existe toute une gamme de produits pour protéger les poumons et les voies respiratoires.
Pour plus d’information sur le manganèse, téléchargez le livre blanc de 3M.