[Questions & Réponses Webinaire] Communication à distance
Lors de notre dernier webinaire, Communication à distance : Solutions de protection auditive, nous avons eu la chance de recevoir des experts de 3M et SPI en matière de protection auditive pour couvrir un sujet d’actualité : les considérations relatives à l’audibilité et à la communication en temps de pandémie.
Alors que l’on s’adapte tranquillement à tous les changements survenus dans la dernière année, nous sommes aussi confrontés à de nouvelles exigences au travail : avoir un environnement qui gère les complexités d’une pandémie mondiale tout en assurant la santé et la sécurité de nos équipes.
Au niveau de la protection auditive, la question se pose. Comment est-ce que les travailleurs peuvent être bien protégés contre les niveaux de bruits dangereux, en travaillant à distance, tout en conservant une communication facile et claire?
Ils ont notamment couvert :
- Les règlementations en vigueur
- Les éléments clés du programme de prévention de la perte auditive
- Les avantages des technologies de pointe en matière de protection de l’ouïe et de communication
- Les solutions : protection de l’ouïe et matériel de communication avec protection
Vous nous avez posé des questions et nous les répondons!
Restez à l’affût de nos prochains événements
Que dit la réglementation en ce qui concerne les mesures de protection de l’ouïe?
Différentes législations régissent les mesures de protection de l’ouïe au travail. Au Québec, par exemple, la LSST (Loi sur la santé et la sécurité du travail) mentionne :
Art 51 :
L’employeur doit prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité et l’intégrité physique du travailleur.
RSST (Règlement sur la santé et la sécurité du travail) mentionne :
Art 140 :
Le bruit émis à un poste de travail doit être mesuré au moins une fois par année dans tout établissement qui emploie 50 travailleurs et plus et où le niveau de bruit est susceptible de dépasser les normes.
Des mesures doivent également être effectuées dans un délai de 30 jours à la suite d’une modification des procédés ou des équipements industriels ou encore à la suite de la mise en place de moyens destinés à diminuer les niveaux de bruit émis à un poste de travail.
Au Canada :
RCSST : Règlement canadien sur la santé et sécurité au travail
Si un employé dans le lieu de travail risque d’être exposé à un niveau de pression acoustique pondérée A de 84 dBA ou plus pendant une période susceptible de nuire à son ouïe, l’employeur doit sans délai :
- Confier à une personne qualifiée la responsabilité d’enquêter sur le degré d’exposition.
Comment choisir son protecteur auditif?
Plusieurs éléments sont à considérer lors du choix d’un protecteur auditif, mais deux d’entre eux sont cruciaux :
- Votre niveau d’exposition au bruit (votre exposition moyenne de 8 heures)
- L’indice de réduction de bruit (en considérant soit l’IRB ou la classe CSA), la capacité d’atténuation de l’appareil de protection auditive.
Et plusieurs autres critères doivent aussi être pris en compte.
Se concentrer uniquement sur les éléments requis limite la possibilité d'aller au-delà de la conformité réglementaire et d'appliquer les meilleures pratiques.
Considérons une approche globale en ce qui concerne la sélection de la protection auditive :
- Nous savons que chaque travailleur est une personne unique avec une anatomie de l'oreille qui lui est propre
- Chaque travailleur a des idées différentes sur ce qu'est le confort
- Chaque travailleur a un niveau de compétence différent pour l'insertion de bouchons d'oreille
- Certains peuvent avoir une déficience auditive préexistante
- Chaque application est différente, les conditions de travail et l'environnement peuvent être différents (comme la température, l'humidité, les éléments, etc.)
- Quels autres équipements de protection doivent-ils porter avec leurs protecteurs auditifs et sont-ils compatibles?
- Et enfin, qu'en est-il du besoin d'audibilité et de communication du travailleur pendant qu'il accomplit ses tâches?
ET LA COMMUNICATION DANS TOUT ÇA?
Pour assurer un bon niveau de communication entre les travailleurs, 3M propose des protecteurs auditifs offrant une protection de l’ouïe, mais aussi une communication claire et précise.
Ces dispositifs de communication peuvent se retrouver sous forme de coquille anti-bruit ou de bouchons d’oreilles. La connectivité peut être faite par câble ou sans fil (Bluetooth ou induction magnétique en champ rapproché), et peut même être intégrée au dispositif (système radio).
Ces dispositifs sont capables de communiquer avec des radios, des téléphones portables et/ou des systèmes d'interphone.
Leur utilisation peut aussi encourager les travailleurs à porter correctement et plus longtemps leur dispositif de protection de l’ouïe.
Le matériel de communication avec protection auditive permet
- Une communication claire dans les milieux bruyants
- Une communication à distance
- Une protection contre le bruit (microphone antibruit)
- De reproduire le son à l’intérieur du protecteur
Les communications via radios bidirectionnelles sont largement utilisées dans le domaine industriel et militaire. Ce type de communication permet aux travailleurs de communiquer rapidement et efficacement entre eux.
Cependant, les communications radios ont des limites :
- Une seule personne peut parler à la fois
- La portée de la communication est limitée à environ 1,6 KM
- Peuvent être sensibles aux interférences radio
- Ne permettent pas toujours de limiter le volume de la radio (cela peut créer une surexposition)
Est-ce que les couvre-visages posent des problèmes de communication?
Oui.
Voici les résultats de quelques études récentes :
Les couvre-visages rendent la communication difficile d'au moins trois manières :
- Le premier défi a été abordé dans une étude récente (2020) réalisée pour l'environnement de la santé. Les masques atténuent ou réduisent l’intensité des sons aigus. La quantité de réduction dépend du masque, mais peut atteindre jusqu’à 12 dB. La réduction des sons à haute fréquence est importante, car ces fréquences sont nécessaires pour identifier les sons (consonantiques) et impactent notre capacité à comprendre la parole.
- Lorsque nous nous couvrons le visage, nous perdons notre capacité à voir les expressions faciales et à voir les lèvres de l’autre. L'American Speech, Language Hearing Association a demandé au CDC de reconnaître le besoin de masques clairs pour ceux qui ont des difficultés d'audition ou d'autres troubles de la communication.
- Enfin, nous avons appris que le port d'un masque affecte votre façon de parler. Les porteurs doivent continuellement parler plus fort pour être entendus.
Quelles sont les conséquences d’une surprotection auditive lorsque l’on travaille?
Lorsqu’il est temps d’acheter un appareil de protection auditive, presque 40% des gens vont vers l’équipement qui réduit le bruit au maximum, pour s’assurer d’avoir la meilleure protection qui soit.
Mais rappelez-vous qu’une surprotection = ne pas entendre les dangers environnants comme les alarmes sonores.
Il y a des travailleurs qui sont exposés à des niveaux de bruits moins élevés. Il ne faut pas les oublier, car c’est souvent eux qui reviennent avec les plus gros fardeaux de pertes d’audition.
Dans une étude publiée par Rabinowitz et al en 2007, les chercheurs ont passé en revue les taux de perte auditive sur dix ans de 6217 employés d'une entreprise de fabrication d'aluminium et ont utilisé les dossiers d'hygiène industrielle et de ressources humaines pour reconstruire les expositions individuelles au bruit.
Les chercheurs ont alors découvert :
« Le plus grand fardeau de la perte auditive professionnelle évitable a été trouvé chez les travailleurs dont l'exposition au bruit était en moyenne de 85 dbA ou moins. »
Si les travailleurs exposés à des bruits extrêmes ont besoin de notre attention, nous savons aussi que selon l'OSHA, 9 travailleurs sur 10 sont exposés à 95 dB ou moins.
Nous devons donc changer notre approche envers les travailleurs qui ont une plus faible exposition au bruit pour s’assurer qu’ils soient eux aussi protégés.
C’est pourquoi il est suggéré de cibler une réduction entre 70 dBA et 80 dBA.
Une solution pourrait être la technologie d’écoute ambiophonique qui permet d’entendre les sons dans des environnements calmes alors que les sons sont compressés dans des environnements bruyants.
Ainsi, cette technologie permet une protection auditive qui s’ajuste automatiquement en fonction du niveau de bruit de l’environnement. Cela permet justement au travailleur d’être conscient de son environnement et de ne pas se sentir exclus.
Je travaille avec un aspirateur industriel qui fait un bruit de 70 dBa pendant 8 heures d’exposition, selon la norme je n’ai pas besoin d’un protecteur auditif mais devrais-je en avoir un?
Ce n’est pas parce qu’un équipement émet un bruit de moins de 85 dBa que l’on doit le négliger ou dire d’emblée que l’on n’a pas besoin de protection.
Dès qu’on en ressent le besoin, on peut demander un équipement de protection individuelle.
On peut facilement porter des protecteurs auditifs lorsque l’on est exposé à un niveau de bruit réduit. Il faut toujours garder en tête le risque de surprotection qui dépend beaucoup du type de travail que vous exercez.
Le niveau de danger de la surprotection diffère selon le type d’isolement dans lequel vous travaillez, la coactivité avec vos collègues et d’autres véhicules ou machineries.
La CSA mentionne dans la norme que les travailleurs qui ne sont pas en mesure d’entendre les sons autour d’eux vont inconsciemment mal porter ou ajuster incorrectement leur protecteur auditif justement pour réduire le sentiment d’isolement jusqu’à même les retirer complètement, pour mieux entendre.
Lorsque l’on porte des lunettes de sécurité, est-ce que le protecteur auditif de type coquille perd son efficacité?
Oui, les coquilles perdent de leur efficacité lors du port de lunettes de sécurité et c’est pourquoi CSA propose une dévaluation de 70% pour les coquilles et une dévaluation de 50% pour les bouchons.
Attention, toutes les lunettes de sécurité ne sont pas identiques. L’épaisseur de la tige de la lunette peut varier, alors que les modèles très minces favorisent l’étanchéité.
Les essais d’ajustement auditifs se font avec les équipements de protection pour s’assurer que la coquille ou bien le bouchon protecteur est le bon dispositif de sécurité pour chaque travailleur.
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Un grand merci aux experts de 3M et de SPI pour leur excellente présentation :
Sebastien Boisvert
Hygiéniste du travail
Physicien de formation, Sebastien possède plusieurs années d'expérience en santé et sécurité principalement sous le volet hygiène industrielle dans différents milieux dont maritime, pétrolifère, minier ainsi que consultant externe. Il adore partager sa passion avec ses clients et avec les gens de SPI Santé Sécurité.
Steeve Giasson
Spécialiste en conservation de l’ouïe et communication
Diplômé de l’UQAC en Santé et en Sécurité, Steeve entre en poste chez 3M en 2000 comme formateur en protection respiratoire pour la province du Québec. Son leadership et son expérience font de Steeve une excellente ressource pour la clientèle de 3M ainsi que ses partenaires d’affaire en tant que spécialiste en conservation de l’ouïe et conseiller Peltor en communication.